Sondages en ligne : les questions «obligatoires» n’affecteraient pas le taux d’abandon
Il y a un bon bout de temps déjà, je vous parlais des questions obligatoires et facultatives dans les sondages web : doit-on privilégier les premières ou les secondes? Une question est dite «obligatoire» lorsque le répondant, pour continuer le sondage, doit absolument inscrire une réponse. À l’époque, j’émettais une réserve à l’égard des questions obligatoires :
Si une question est obligatoire pour poursuivre le sondage et que le répondant ne veut absolument pas y répondre, ou encore que les choix de réponses ne lui conviennent pas, il risque d’abandonner.
Or, selon un récent article du Journal of Marketing Theory and Practice1, les questions obligatoires n’affecteraient pas le taux d’abandon. Toutefois, les interrogations quant à la qualité des données demeurent.
Les chercheurs se sont intéressés à l’impact de deux éléments sur le taux d’abandon :
- Les questions obligatoires ou facultatives;
- L’introduction ou non d’un choix de réponse «Je préfère ne pas répondre».
Selon la recherche qu’ils ont menée, ces éléments, qu’ils soient pris seuls ou en combinaison, ne font pas de différence quant au taux d’abandon. Ainsi, une question obligatoire ou «forcée» ne générerait pas plus d’abandons qu’une question facultative. Il faut mentionner, cependant, que les questions posées dans l’expérimentation étaient plutôt inoffensives; il serait intéressant de répéter l’expérience avec des questions portant sur des sujets plus sensibles.
Les chercheurs constatent par ailleurs que, lorsque l’option «Je préfère ne pas répondre» est offerte aux répondants, un certain nombre d’entre eux la choisissent. Dans ce contexte, il est pertinent de se demander quelle réponse ils choisissent lorsque cette option ne leur est pas offerte : cochent-ils n’importe quoi pour pouvoir avancer? Si c’est le cas, on peut sérieusement mettre en doute la validité et la qualité des résultats.
Bref, opter pour des questions obligatoires tout en permettant aux répondants de ne pas répondre à la question s’avère pour le moment le meilleur compromis entre la quantité de réponses obtenues et la qualité de ces mêmes réponses.
1 Référence complète de l’article : Gerald Albaum, Catherine A. Roster, James Wiley, John Rossiter et Scott M. Smith (2010), «Designing Web Surveys in Marketing Research: Does Use of Forced Answering Affect Completion Rates?», Journal of Marketing Theory and Practice, vol. 18, no 3, p. 285-293.
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