Sénat : statu quo ou négociations constitutionnelles? Poser les bonnes questions.
Trouver les bonnes questions! C’est certainement l’un des aspects les plus stimulants du travail de sondeur.
Un univers de questions possibles s’offre à nous quand on entreprend l’écriture d’un questionnaire… et il faut choisir dans cet univers un échantillon de questions qui permettront de bien circonscrire notre objet d’étude.
Toutes les questions ne sont pas équivalentes et ne servent pas le même dessein. Les plus intéressantes sont celles qui non seulement apportent de l’information nouvelle, mais qui jettent aussi les bases d’une analyse approfondie et de l’action qui s’en suit.
Pour illustrer mon propos, je me suis inspiré de l’actualité récente sur le Sénat canadien.
Le cas du Sénat canadien
L’avis récent déposé par la Cour suprême du Canada stipule que tout changement au Sénat requiert le consentement d’au moins sept provinces représentant une majorité simple des citoyens. Conséquence : des négociations constitutionnelles seront nécessaires si l’on souhaite aller de l’avant avec ce projet.
Le Gouvernement fédéral en a conclu que le débat était clos en alléguant que les Canadiens souhaitent des changements au Sénat, mais qu’ils ne veulent pas de négociations constitutionnelles. On a ici deux questions intéressantes porteuses d’information :
- Est-ce que les Canadiens veulent ou non des changements au Sénat?
- Est-ce que les Canadiens veulent ou non des négociations constitutionnelles?
Cependant, poser l’enjeu en ces termes ne conduit pas à une nouvelle compréhension de la problématique. Par contre, une question mettant en relation les changements au Sénat et les négociations constitutionnelles amène la réflexion un cran plus loin et alimente l’analyse.
Une forte majorité de Québécois souhaitent des changements au Sénat
Selon un récent sondage SOM, les trois quarts des internautes québécois (74 %) souhaitent que des changements soient apportés au Sénat, que ce soit des changements mineurs (9 %), des changements majeurs (30 %) ou carrément son abolition (35 %).
Seuls 3 % des Québécois interrogés estiment qu’il n’est pas nécessaire d’apporter des changements au Sénat.
En outre, la non-réponse élevée (23 % de «je ne sais pas» ou «je préfère ne pas répondre») montre que cet enjeu est peut-être méconnu ou qu’il ne suscite pas un intérêt marqué pour certains.
Voilà donc pour la première question. Il semble bien vrai qu’une forte majorité, de Québécois dans notre cas, souhaitent des changements au Sénat.
Réforme du Sénat : une raison suffisante pour entreprendre des négociations constitutionnelles
Le deuxième argument mentionné plus haut est l’aversion pour des négociations constitutionnelles. Plutôt que de mesurer cette aversion, positionnons les négociations constitutionnelles comme un moyen, et non comme une fin en soi.
Ainsi, on constate que plus des deux tiers des répondants (68 %) ayant émis une opinion sur le Sénat à la question précédente considèrent que la révision ou l’abolition du Sénat est une raison suffisante pour entreprendre des négociations constitutionnelles (75 % après répartition des indécis).
À l’aide de cet exemple simple, on voit bien comment la bonne question apporte beaucoup plus de valeur à un enjeu et peut dynamiser l’analyse des résultats.
Si on s’en était tenu à mesurer l’aversion des répondants pour des négociations constitutionnelles, notre compréhension n’aurait pas progressé.
Méthodologie du sondage
Ce sondage a été mené en ligne du 28 avril au 5 mai 2014 auprès de 1 237 internautes québécois. Cet échantillon est tiré du panel Or de SOM, lequel est constitué de répondants recrutés de façon aléatoire par téléphone; il s’agit donc d’un échantillon probabiliste. La marge d’erreur maximale pour l’ensemble des répondants est de 3,5 %, 19 fois sur 20.
Cet article a été écrit par Louis Moreau, ancien employé de SOM.
3 réponses à “Sénat : statu quo ou négociations constitutionnelles? Poser les bonnes questions.”
Ce qui est inquietant, c’est que plusieurs personnes une fois nommées dans des postes ou il y a de l’argent pour dépenses deviennent incontrollable.
Avant d,avoir des postes avec responsabilités ils étaient des personnes honnêtes.
L’argent fait corrompte le monde.
On dirajt qu’ils trouvent facile de dépenser l’argent du people. Aucun remords?????????
la question de la distinction des fins et des moyens. fondamentale question. N’est-ce pas ce qui se joue aussi dans le débat incessant de la souveraineté du Québec ?
La bonne question est la suivante : la souveraineté pour faire quoi ? Pour vivre quoi, collectivement ?
Au débat …
En effet, une distinction importante qu’il faut chercher à refléter dans nos questions de sondage. Pour quiconque s’intéresse à influencer les opinions, les attitudes ou les comportements, une bonne connaissance des motivations (fins) devrait être la préoccupation initiale.
Sonder la population par rapport à des moyens, que ce soit des offres commerciales, des programmes, des publicités, est très instructif et productif. Mais il est certain qu’en mettant ces moyens en lien avec ce qui peut motiver le changement, l’analyse gagne en pertinence et en explication.