Pourquoi faire des sondages téléphoniques et pas seulement des sondages en ligne?
Dure semaine! Entre un vilain rhume et beaucoup de travail, je n’ai pas eu le temps de bloguer! Mais je me reprends aujourd’hui pour répondre au commentaire suivant qu’écrivait un lecteur à la suite de mon billet sur la LNNTE et les taux de réponse :
C’est étonnant d’utiliser encore le téléphone pour faire des sondages ou du télémarketing en 2008! Avec les nouveaux outils, il serait temps de passer à autre chose. Je préfère nettement répondre à des sondages en ligne qu’au téléphone pendant que je mange le soir…
Je ne peux pas parler pour le télémarketing, nous n’en faisons pas! Mais en ce qui a trait aux sondages : pourquoi, en effet, ne pas se concentrer uniquement sur les nouveaux outils Web? En fait, ce serait une erreur sur le plan méthodologique. La plupart des réponses à cette question se retrouvent dans le billet «Conseils: faire un sondage Web ou un sondage téléphonique?» ou encore dans les billets qui traitent de représentativité. Je reprends ici brièvement quelques-unes de ces raisons.
La «fracture numérique» affecte la représentativité de l’échantillon
Selon des données du Cefrio, plus du quart de la population québécoise n’est toujours pas branchée. Donc, si on se concentre uniquement sur les sondages en ligne, c’est tout un pan de la population qui ne sera pas représenté dans l’échantillon! En d’autres mots, les résultats seront représentatifs de la population des internautes québécois, et non de la population québécoise en général.
L’échantillonnage probabiliste pose de réels défis dans les sondages en ligne
En effet, dans certains contextes comme les sondages «grand public», les bases de sondages, c’est-à-dire les listes valables à partir desquelles sélectionner un échantillon aléatoire, ne sont pas disponibles.
Les panels Web : oui, mais…
Les panels Web, comme le panel Or de SOM, constituent une partie de solution au problème évoqué précédemment sur les bases de sondage. Toutefois, ils écartent encore une fois les personnes qui ne sont pas branchées!
Certaines questions obtiennent des réponses de meilleure qualité au téléphone
Par exemple, des questions qui nécessitent davantage de spontanéité ou encore des questions ouvertes qui sont souvent «laissées en blanc» ou réduites à leur plus simple expression dans les sondages en ligne.
Des personnes ne maîtrisent pas suffisamment la langue pour faire des sondages Web
Saviez-vous qu’en 2003, la proportion de la population québécoise âgée de 16 à 65 ans qui atteignait ou dépassait le seuil de compétence jugé nécessaire pour fonctionner dans la société actuelle était d’environ 51 % en compréhension de textes suivis? Cette donnée stupéfiante, tirée du Rapport québécois de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes, donne à réfléchir sur la capacité de certains groupes à compléter efficacement des sondages Web.
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Les sondages web ou sondages en ligne sont de merveilleux outils lorsque le contexte s’y prête. Et il faut les exploiter à fond! Toutefois, pour toutes les raisons énumérées plus haut, les sondages téléphoniques sont toujours pertinents. À moins, évidemment, de faire dans le «non-scientifique»… et de produire des résultats qui ne valent pas grand’chose!
Il y aura toujours des gens qui détestent qu’on les appelle à la maison pour faire un sondage. C’est leur droit le plus strict. J’espère cependant que ce ne sont pas ces mêmes gens qui apprécient la publication de résultats de sondage dans les médias! Je vous laisse sur ce commentaire de Maxime, une analogie intéressante…
Je crois que le problème majeur est que les gens ne savent pas et se foutent un peu d’où proviennent les statistiques qu’ils apprécient. À l’image des côtes d’agneau que nous aimons dans nos assiettes, on ne veut pas savoir qu’elles proviennent d’un mignon jeune animal qui a été abattu froidement.