L’industrie du sondage se réveille et réclame la transparence!
Ceux qui me lisent régulièrement savent que je dénonce à l’occasion le manque de transparence dans la publication des résultats de sondage (surtout de la méthodologie qui les accompagne; voir par exemple ce billet et celui-ci). Je ne peux malheureusement pas rapporter tous les cas douteux – il y a en chaque semaine dans les médias : des méthodologies écourtées ou trompeuses, des généralisations abusives voire des sondages de pacotille qui ne servent qu’à faire la nouvelle.
Je ne suis certainement pas la seule que ce manque d’éthique chatouille. D’ailleurs, preuve que le charlatanisme est à la hausse, l’AAPOR a lancé récemment The Transparency Initiave. Je vous en parle brièvement aujourd’hui.
L’initiative de transparence de l’AAPOR
L’AAPOR est l’association américaine de la recherche sur l’opinion publique. Lancée en novembre, l’initiative «Transparence» vise à encourager les firmes de recherche – mais aussi toute autre organisation qui diffuse les résultats d’un sondage – à détailler la méthodologie, à être transparentes sur les méthodes employées.
Pourquoi? Parce que la recherche à rabais gagne du terrain; parce que trop de personnes s’improvisent spécialistes; parce que les pratiques frauduleuses de certains contribuent à discréditer le véritable sondage d’opinion et à semer le cynisme à l’égard des résultats de sondage.
The AAPOR Transparency Initiative is a program to place the value of openness at the center of our work. It should include:
- our Association’s public recognition of excellence in transparency;
- a system for collecting and archiving disclosure information;
- education for organizations in how to make disclosure a routine part of their work;
- outreach to survey sponsors, users of survey data and the public to reinforce the value of transparency and to publicize the organizations that participate in the initiative;
- collaboration with other associations (e.g., ASA, CASRO, ESOMAR, NCPP, WAPOR) and academic disciplines in these activities.
Il s’agit d’un programme en devenir, puisque seules les bases ont été établies pour le moment. Une discussion a d’ailleurs été ouverte sur le site de Survey Practice pour permettre aux professionnels de la recherche de s’exprimer.
Oui, mais…
Bien sûr, l’initiative est fort louable et j’en appuie les principes. Le premier bémol est qu’il s’agit bel et bien d’un projet d’une association américaine – et non canadienne. Mais peut-être que les associations d’ici – je pense en particulier à l’ARIM – suivront la tendance? C’est à espérer.
Par ailleurs, je me demande si les moyens mis en œuvre sont suffisants pour faire changer les choses. En fait, j’en doute fortement. Prenez l’exemple du Québec : même si les firmes fautives reçoivent en théorie des avertissements de la part de l’ARIM, je ne vois pas beaucoup d’évolution à ce sujet… C’est un dossier à suivre!
Enfin, une autre initiative ayant trait à la transparence vient d’être lancée, toujours aux États-Unis, mais sur un tout autre sujet : la sous-traitance. Je vous en parle dans un prochain billet!
5 réponses à “L’industrie du sondage se réveille et réclame la transparence!”
Merci de nous faire part de cette initiative et de nous fournir des détails. très intéressant et très pertinent.
Merci pour votre commentaire Micheline, c’est très apprécié!
C’est devenu un plaisir de vous lire. Je fais suivre, et j’affiche vos textes sur les babillard de mes trois caserne. Merci.
ToutesJe viens de lire ce superbe billet et je ne peux m’empêcher de commenter et profiter de l’occasion pour féliciter son auteure.
Combien je serais heureux et fière de travailler dans le secteur si une telle initiative se met en branle au Canada sous l’égide de l’ARIM ou même d’un autre groupe d’intérêt.
J’assiste et lis des histoires d’horreur à tous les jours ou presque que parfois me laisse sur un goût très amer.
Ceci prend une ampleur dramatique quand il s’agit de recherche et sondage en ligne. C’est un total cafouillis méthodologique agrémenté de sous-traitance en cascades que mandataire et mandaté ne savent plus Qui est Qui.
Je m’abstiens même de prendre part à des mandats simplement pour ne pas vivre ou être témoins de telles expériences douteuses.
Je m’arrête ici sans même me réviser car mon niveau de frustration est en train de monter en flèche.
Par contre 1000x Bravo! Julie d’avoir abordé le point et si moyen d’aider pour mettre une telle initiative en place, je serais plus que partisan.
@André O. : Merci beaucoup pour votre commentaire André. Je suis heureuse de voir que je suis lue dans les casernes! 😉
@Saber : Merci Saber. Je ne sais pas s’il y aura des suites, mais j’ai fait parvenir le billet à quelques membres du C.A. québécois de l’ARIM. Je vous tiens au courant!