La délocalisation de la collecte des données : la dernière croisade?

La délocalisation de la collecte des données : la dernière croisade?

Offshoring TransparencyDans mon dernier billet, je vous disais que j’aborderais une autre initiative axée sur la transparence; il s’agit de la Foundation for Transparency in Offshoring. D’abord, je précise que le terme «offshoring» renvoie ici à la délocalisation, c’est-à-dire au fait de confier en sous-traitance à l’extérieur du pays l’ensemble ou une partie des activités de recherche et de collecte des données.

Origine et mission de la Fondation

La délocalisation des activités à l’étranger comporte évidemment des risques, notamment une possible perte de contrôle du processus de collecte des données et, par conséquent, de la qualité des résultats. De plus, on craint des brèches en matière de sécurité de l’information.

OFFSHORING2Devant ces risques, il est souhaitable que les firmes concernées pratiquent une «délocalisation responsable» et qu’elles soient transparentes en informant leurs clients que leur projet sera «délocalisé». Tom H. C. Anderson (Anderson Analytics) qui est à l’origine de la création de cette fondation, soutient que les clients en sont rarement informés.

La Fondation fait donc la promotion de la transparence en matière d’offshoring et propose une certification : les entreprises de recherche sont invitées à afficher l’un ou l’autre des logos ci-contre sur leur site web, certifiant soit une délocalisation responsable (Responsible Offshoring) soit qu’aucune délocalisation n’est pratiquée (No Offshoring).

On ne peut pas être contre la vertu

La raison d’être de la Fondation est tout à fait légitime. La transparence est l’une des valeurs clés de SOM et je ne peux qu’appuyer qu’elle s’étende au plus de firmes possible et au plus d’activités possible. Mais…

Il y a toujours un «mais»…

Toutefois, certains aspects de l’initiative m’agacent ou, à tout le moins, m’amènent à poser des questions. Et après quelques recherches, j’ai pu constater que je n’étais pas la seule…

  • Pourquoi la Fondation se concentre-t-elle sur la sous-traitance à l’étranger? Quelle est la différence entre la sous-traitance des activités de collecte ici ou ailleurs? Croyez-vous vraiment que faire affaire avec une firme d’ici élimine d’emblée les risques mentionnés plus haut? Permettez-moi d’en douter. Aussi, la transparence devrait s’étendre à tous les types de sous-traitance, et pas seulement à la délocalisation.
  • M. Anderson semble orienter sa «croisade» vers certaines parties du monde. Dans un document de présentation (qu’on peut retrouver sur cette page), il fait référence à la corruption marquée de certains pays et ressent le besoin de préciser qu’il n’est pas «anti-Inde». Or, on peut trouver des partenaires de confiance partout au monde, comme le mentionne Bernie Malinoff en témoignant de son expérience en Asie.
  • Le langage utilisé est également douteux, comme le souligne Brian Tarran. Pour mousser la Fondation, on parle de la grande dissimulation (cover-up) de l’industrie de la recherche. Le compte Twitter de l’organisme fait même référence au «secret inavouable» (dirty little secret) de la recherche marketing! Je comprends que la réalité américaine est sans doute différente de la nôtre, mais présenter le tout comme un complot ne m’apparaît pas très sérieux.
  • Enfin, la certification à deux niveaux (Responsable Offshoring versus No Offshoring) me questionne. S’agit-il de promouvoir la délocalisation responsable ou l’absence de délocalisation? Ça ne m’apparaît pas clair. À cet effet, Ray Poynter va plus loin et dénonce carrément le réflexe protectionniste de la Fondation qui valorise, finalement, la sous-traitance locale.

En résumé, même si M. Anderson se défend d’être contre la délocalisation, son discours me laisse songeuse. Je me trompe peut-être, mais je crois qu’une initiative qui vise la transparence ne devrait pas soulever autant de questions! Espérons que des clarifications y seront apportées.

Je sais que maintenant, une question vous brûle les lèvres : est-ce que SOM fait dans l’offshoring? La réponse dans un prochain billet! 😉

2 réponses à “La délocalisation de la collecte des données : la dernière croisade?”

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