Les sondages en ligne : la panacée?
Dans La Presse d’hier matin (10 décembre), Marie-Claude Lortie publiait un article intéressant intitulé : Et si c’étaient les sondages en ligne qui avaient maintenant raison? Ce plaidoyer en faveur des sondages Web m’a un peu titillée… J’ai soumis l’article à l’un de nos experts méthodologiques, Sylvain Masse, pour avoir son avis.
Voici sa réponse :
Le sondage par panel convient bien pour connaître les intentions de vote. Il est possible d’utiliser des modèles précis de pondération pour établir les intentions de vote avec une grande efficacité. Il suffit d’utiliser des variables très corrélées avec l’intention de vote pour établir ces modèles de prédiction. L’une des variables utilisées est souvent le choix fait par l’électeur lors de l’élection précédente.
Toutefois, on ne peut conclure que le sondage Web est supérieur au sondage téléphonique. Une méthode précise développée pour prédire l’intention de vote ne conduit pas à des échantillons représentatifs pour des sujets plus généraux. Par exemple, ce n’est pas parce qu’on est apte à établir l’intention de vote que l’on peut correctement évaluer la proportion de gens qui font du ski, ou qui ont vu une certaine publicité. Par ailleurs, d’autres facteurs doivent être considérés, comme c’était mentionné dans l’article, notamment le moment où on mène le sondage et les répondants ciblés (dans ce cas-ci, les personnes qui affirment être sûres d’aller voter). Rien ne dit qu’un sondage téléphonique mené dans ces mêmes conditions n’auraient pas donné les mêmes résultats.
Enfin, j’ajouterais que la qualité des sondages par panel est parfois douteuse. Il s’agit souvent de «répondants professionnels», c’est-à-dire de personnes qui répondent à un grand nombre de sondages en ligne. Selon une étude de Comcast, une partie aussi petite que 0,25 % de la population complèterait environ 30 % des sondages en ligne… ça fait réfléchir! La provenance des panélistes pose problème également, à mon avis. Que penser de la représentativité des répondants d’une firme qui rémunère en milles Aéroplan? N’ont-ils pas tous un certain nombre de caractéristiques communes?
Généralement, on cherche à pallier ces phénomènes en diversifiant les sources de panélistes. Par exemple, le panel de SOM se distingue en s’assurant d’une sélection probabiliste (au hasard) de ses répondants. Près de 72 % de nos panélistes affirment ainsi ne pas être inscrits à d’autres panels de sondage.