Les sondés volontaires
Dans son édition «papier» de mercredi (29 septembre 2010), le quotidien Le Soleil publiait la lettre d’un lecteur inquiet de la validité des sondages effectués à l’aide de panels de volontaires (par opposition aux panels avec recrutement aléatoire de répondants).
Comme c’est la première fois que je lis un tel commentaire dans les journaux, je me permets d’en reproduire ici quelques extraits, que je commente. Je ne sais pas qui est M. Robert Pelley, mais je le remercie de son intervention… et lui emprunte le titre de sa missive!
Mais qui sont les membres [de ce panel]? Ce sont des gens qui, de façon volontaire, ont accepté de faire partie d’un groupe, étaient prêts à partager leur opinion sur des politiques ou des produits de consommation. Il va sans dire qu’un parti politique pourrait noyauter un tel forum.
Il est effectivement possible, dans les panels de volontaires, de créer de fausses identités (je l’ai déjà montré ici). C’est difficile, sinon impossible à contrôler. Il est évident que de «faux répondants» ou des gens qui ont créé plusieurs comptes dans un même panel vont biaiser les résultats. Cela dit, j’ose croire que le Québec n’est pas aussi corrompu que le prétend Maclean’s et que les membres d’un parti politique ne s’abaisseraient pas à infiltrer un panel de sondage!
Par ailleurs, seulement ceux qui sont familiers avec Internet peuvent participer.
Tout à fait. Selon les plus récentes données du CEFRIO, 75 % des adultes québécois ont utilisé internet au moins une fois par semaine en septembre 2010. Aussi, les sondages effectués par Internet ne peuvent prétendre être représentatifs de la population en général. Lorsqu’ils sont faits dans les règles de l’art, incluant le recrutement aléatoire de répondants, ils sont représentatifs des internautes.
Également, il y a seulement une certaine partie, alors non représentative, de la population qui est intéressée à donner constamment son opinion.
Il est certain que pour s’inscrire de sa propre initiative à un panel, il faut avoir à la base envie de donner son opinion. Avec un panel de volontaires, on ne rejoint pas ceux qui sont un peu plus rébarbatifs ou hésitants à s’exprimer.
De plus, en guise de remerciement, les membres pourraient […] gagner des chèques-cadeaux, des produits ou de l’argent comptant. Plus on participe, plus on fait de l’argent, ce qui veut dire que ceux qui ont le plus besoin d’argent donnent leur opinion le plus souvent.
De façon générale, les récompenses offertes aux répondants restent relativement minimes et ne permettent pas vraiment de s’enrichir. Bien sûr, l’appât du gain peut être la motivation de certains répondants. On utilise parfois le terme «répondant professionnel» pour désigner les personnes qui s’inscrivent au plus grand nombre de panels possible afin de multiplier leurs chances de gagner quelque chose. Mais de là à dire que ceux qui ont le plus besoin d’argent donnent leur opinion le plus souvent, il y a un pas que je ne suis pas prête à franchir. Il ne faut pas oublier que les plus démunis d’entre nous sont moins nombreux à avoir accès à internet.
2 réponses à “Les sondés volontaires”