Fracture numérique et sondages web

Fracture numérique et sondages web

CrackLa notion de fracture numérique, initialement utilisée pour décrire le fossé entre les individus qui avaient accès aux technologies et les autres, s’est élargie pour inclure plusieurs disparités, notamment en ce qui concerne les infrastructures de connexion, les habiletés à utiliser les technologies, la sophistication des activités réalisées en ligne et la fréquence d’utilisation.

Dans un récent article de la revue Quality & Quantity*, des chercheuses portugaises s’intéressent aux différences qui caractérisent la fréquence d’utilisation d’internet et, surtout, à leurs impacts sur les sondages web.

Fréquence d’utilisation

Je vous invite à lire l’article pour connaître en détail la méthodologie utilisée par les chercheuses. Sachez toutefois que pour les besoins de l’étude, les internautes ont été divisés en deux groupes selon leur utilisation d’internet à la maison, soit 1) les utilisateurs quotidiens et 2) les utilisateurs occasionnels (une fois par semaine ou moins).

Différences sociodémographiques

Sans surprise, il y a plusieurs différences sociodémographiques selon la fréquence d’utilisation (âge, occupation, scolarité, état civil, etc.). Toutefois, les variables qui prédisent le mieux l’utilisation d’internet à la maison sont la scolarité (plus on est éduqué, plus on utilise internet), le territoire habité (l’utilisation est plus fréquente en milieu urbain qu’en milieu rural) et le fait d’avoir de jeunes enfants (ceux qui ont de jeunes enfants ont moins de temps libre pour aller sur internet à la maison, j’en sais quelque chose!).

Différences dans les comportements et les perceptions

L’étude montre également des différences significatives sur plusieurs comportements, perceptions et attitudes. Par exemple, les grands utilisateurs d’internet sont plus susceptibles de posséder personnellement certains biens, d’adopter des comportements écoresponsables et ils se montrent plus satisfaits de leur vie en général.

Quels impacts pour les sondages en ligne?

Ces constats ne constituent pas de grandes révélations, me direz-vous. Alors pourquoi donc aborder cette question? Tout simplement pour rappeler qu’il faut être prudent lorsqu’on généralise des résultats de recherche issus d’un panel web.

  • Les «internautes» ne constituent pas un groupe homogène. Il est logique de penser que ceux qui acceptent de devenir panélistes présentent un degré minimal d’habiletés à naviguer sur le web et que la majorité d’entre eux utilisent régulièrement internet. Puisque le profil de ces utilisateurs est différent des internautes moins chevronnés, les résultats risquent de ne pas être représentatifs de l’ensemble des internautes. Si la pondération peut corriger une partie du problème, l’article montre clairement que des différences demeurent même après avoir pondéré les résultats.
  • Cette différence est certainement plus prononcée dans les panels non probabilistes. À ce chapitre, le panel Or de SOM détient un avantage non négligeable : en recrutant les panélistes de façon exclusivement aléatoire, nous recrutons des individus moins habiles sur internet (on le voit par les demandes de soutien adressées à nos techniciens!) qui n’auraient jamais osé ou pensé devenir membre d’un panel à inscription volontaire.
  • Il faut par ailleurs faire attention à la durée de la période de collecte d’un sondage en ligne. J’en ai déjà parlé (voir ce billet), les sondages réalisés en quelques heures (et même en 2-3 jours) empêchent les utilisateurs occasionnels d’y participer. On obtient ainsi un échantillon très restreint des utilisateurs moins assidus.
  • En plus d’allonger la période de collecte, les auteures de l’article suggèrent quelques avenues pour s’assurer que les utilisateurs occasionnels soient bien représentés dans les sondages web, notamment les modes de collecte mixtes et l’établissement de quotas dans le plan d’échantillonnage.

*Référence complète de l’article : Paula VICENTE et Elizabeth REIS (2012). «The « frequency divide »: implications for internet-based surveys», Quality & Quantity (Online first, 28 avril 2012).

2 réponses à “Fracture numérique et sondages web”

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