Le panier bleu contre Amazon : un duel inégal
Ces derniers temps, l’achat local est en vogue au Québec et c’est certainement une bonne nouvelle. Nos commerçants en ont bien besoin! L’exemple du vin d’ici est éloquent, avec une explosion des ventes pendant le confinement. Est-ce que cela veut dire que les Québécois ont boudé Amazon pendant la pandémie? C’est ce que l’on verra un peu plus loin.
Il faut commencer quelque part
Si Jeff Bezos a lancé Amazon grâce à un investissement initial d’autour de 400 000 $, Le Panier Bleu pourrait en théorie accomplir de grandes choses grâce aux 4 millions de dollars que nous y avons collectivement consacrés jusqu’ici. Mais pour faire fructifier cet investissement, on ne pourra pas consacrer comme Amazon au-delà de 7 milliards de dollars en publicité annuellement. Considérant que les achats en ligne ne représentaient jusqu’à tout récemment qu’environ 10 % de l’ensemble des achats des Québécois (et que ce pourcentage est appelé à augmenter au cours des prochaines années), il y a certes un potentiel considérable à exploiter.
Amazon en attire plusieurs
Selon un sondage SOM réalisé en ligne auprès de 1 912 Québécois du 20 novembre 2020 au 7 janvier 2021, plus de la moitié des Québécois ont acheté en ligne sur Amazon depuis mars 2020. La proportion atteint même 70 % chez les 18-44 ans.
Les produits les plus prisés sont :
- L’électronique (en particulier chez les hommes)
- Les articles pour la maison ou la cuisine
- Les produits de divertissement (ex. : livres, jeux vidéo)
- Les vêtements
- Les fournitures de bureau
Considérant qu’il y a plusieurs options québécoises en ligne parmi ces catégories de produits, il est clair qu’Amazon livre une concurrence féroce à nos commerçants. La diversité de produits que l’on trouve sur sa plateforme (favorisant le « one-stop shopping ») et la rapidité de livraison y sont certainement pour quelque chose dans ce succès.
Une habitude décriée par certains
Les Québécois sont-ils en paix avec eux-mêmes face à leur comportement en ligne? Pas tous. En effet, 8 % des acheteurs jugent inacceptable d’acheter en ligne sur Amazon pendant la pandémie. Ils considèrent donc leur propre comportement inacceptable. Voilà une franchise exemplaire! Dans l’ensemble, c’est un Québécois sur quatre qui ne voit pas d’un bon œil l’achat sur la célèbre plateforme.
Une économie qui carbure aux exportations
Quand on parle d’achat local, il ne faut jamais oublier qu’une portion considérable de l’économie du Québec dépend de nos exportations. Pour stimuler notre économie, la recette magique pour les Québécois est donc d’acheter local et d’espérer que nous serons les seuls au monde à le faire!
Pendant que l’on s’arrache à l’étranger notre aluminium, nos avions, nos simulateurs de vol, notre papier journal, nos porcs, notre sirop d’érable et notre minerai de fer, rien ne nous empêche d’augmenter la part de produits locaux dans notre propre panier de consommation. Bien sûr, Amazon n’est peut-être pas la meilleure place pour commencer.
Quelques exemples d’options locales
Pour trouver de la lecture par exemple, le site leslibraires.ca offre une gamme impressionnante de livres, dont plusieurs par des auteurs d’ici. Il est donc possible d’acheter local sur toute la ligne, de la conception jusqu’à la distribution. On récupère ses livres dans un dépôt ou directement à notre librairie de quartier. Pour les amateurs de thé, Camelia Sinensis offre une expérience en ligne très agréable, incluant une livraison jusqu’à votre porte, moyennant une commande minimale de 50 $.
Il y a plusieurs options pour ramener une prédominance de bleu dans un panier pour l’instant bleu, blanc et rouge (couleurs du drapeau américain). Autant du côté des consommateurs que des détaillants, ça vaut la peine de poursuivre nos efforts. Pendant ce temps, il ne faut pas se gêner pour stimuler nos exportations, en espérant que l’achat local ne soit pas érigé en dogme à l’étranger.