ChatGPT, de la curiosité à l’omniprésence
Depuis l’automne 2023, SOM suit de près la progression de l’utilisation de ChatGPT au sein de la population québécoise par l’entremise d’études en ligne auprès de notre communauté de panélistes. Voici les principaux constats de notre dernier coup de sonde, réalisé du 1er au 4 août 2025 auprès de 1 154 Québécois.
ChatGPT se démocratise
Près de trois ans après son lancement à grande échelle, ChatGPT est désormais utilisé par plus de la moitié des internautes québécois (53 %) et une très forte majorité de jeunes de 18 à 24 ans (92 %). Par ailleurs, la proportion d’utilisateurs hebdomadaires est passée de 7 % à 25 % au cours des 15 derniers mois, ce qui indique que le populaire programme d’OpenAI s’incruste de plus en plus dans notre quotidien.
En comparaison, le taux de pénétration de l’application Perplexity AI, que l’on peut interroger sur divers sujets, mais qui en prime fournit automatiquement les sources des informations fournies, se chiffre à 5 % au Québec.
Des utilisations qui vont bien au-delà du travail
Alors que l’utilisation de ChatGPT dans le cadre du travail est monnaie courante, l’assistant est de plus en plus utilisé dans la sphère personnelle pour obtenir des conseils de vie (29 %), en matière de santé (25 %), de finances (17 %) ou pour obtenir du soutien psychologique (11 %).
Les Québécois affirment à l’unisson (97 %) que ChatGPT répond bien en général à leurs demandes, incluant 44 % qui estiment que l’assistant répond « très bien » (36 % en 2023). L’amélioration de la qualité est claire, mais il reste du chemin à faire. En effet, en 2025, on est en droit de s’attendre à ce qu’un assistant tel ChatGPT puisse répondre à des demandes de manière très satisfaisante dans la plupart des cas.
L’acceptabilité de l’IA en hausse
La proportion de Québécois qui appuient le développement de l’intelligence artificielle est passée de 39 % en 2023 à 47 % en 2025. Cela dit, on est très loin de l’unanimité et le phénomène suscite souvent la controverse en raison de diverses dérives largement médiatisées (fausses images, désinformation, pornographie, etc.).
Bien que les Québécois demeurent partagés quant à l’effet de l’intelligence artificielle en général sur leur travail, la proportion de ceux qui estiment que cet effet sera positif au cours des prochaines années est passée de 25 % en 2023 à 35 % en 2025. Quant à l’impact de l’IA sur leur vie de tous les jours, les Québécois sont plus nombreux à le voir positivement (44 %) que négativement (24 %).
On est toutefois conscient des risques
Plus de la moitié des Québécois (58 %) croient que globalement, l’intelligence artificielle va mener à des pertes d’emplois dans l’économie. On perçoit par ailleurs l’impact environnemental de l’IA comme plutôt négatif.
Une expertise non reconnue par les Québécois
La renommée du Québec en matière d’IA demeure un secret bien gardé. En effet, plusieurs Québécois estiment que l’on accuse un retard dans ce domaine par rapport au reste du Canada, et ce, malgré l’expertise incontestable de la province. Cette perception sévère peut s’expliquer notamment par le fait que seulement 12 % des Québécois ont déjà entendu parler de Mila, l’institut québécois d’intelligence artificielle.
Pour un développement éthique et responsable de l’IA
Les Québécois préfèrent que les gouvernements, des comités éthiques indépendants ou des instances internationales comme l’ONU soient responsables d’assurer un développement éthique et responsable de l’intelligence artificielle, au bénéfice de toute la société. On se montre plus sceptique face à l’éventualité que ce rôle soit pris en charge de manière diligente par des entreprises privées comme Open AI, Amazon, Google, Meta, Microsoft ou Open AI.
Que retenir de cette étude?
En somme, les résultats de ce sondage révèlent qu’en quelques années à peine, ChatGPT est passé d’une curiosité technologique à un outil intégré dans la vie de plus d’un Québécois sur deux. Par ailleurs, chez les jeunes générations, ChatGPT a été très largement adopté et on peut penser qu’il constitue un partenaire d’étude privilégié.
Au-delà de ChatGPT, on remarque que l’intelligence artificielle demeure entourée de questionnements et de préoccupations, notamment quant à ses impacts sur l’emploi, l’environnement et l’éthique. La confiance du public repose sur la capacité des institutions à encadrer son développement de manière responsable, transparente et bénéfique pour la société. En effet, l’IA entre dans une phase où son appropriation par le grand public doit aller de pair avec une réflexion collective sur ses usages et ses limites. Personnellement, je trouve que la réflexion est déjà menée avec brio par Mila et Yoshua Bengio. De notre côté, nous allons continuer de suivre le phénomène de près.