Les conséquences d’une recherche bâclée (ou l’importance de la rigueur)
Lorsqu’on parle de recherche, peu importe le domaine, c’est la méthode qui garantit la validité et la fiabilité des résultats. Mais qu’arrive-t-il lorsque la rigueur méthodologique est absente? Les conséquences peuvent être graves et coûteuses.
Quelques exemples
En recherche marketing, par exemple, des clients vont investir des sommes considérables dans le développement d’un nouveau produit à la suite de tests concluants. Vous imaginez les pertes considérables que pourrait subir une entreprise si les résultats n’étaient pas fiables?
C’est la même chose en évaluation de programmes publics (mon champ de spécialisation). Lorsque j’évalue un programme gouvernemental, les résultats et les recommandations que je fournis alimentent des décisions administratives : reconduction ou remise en question d’un programme, réinvestissement de ressources. Vous imaginez le gaspillage potentiel de fonds publics si les résultats s’appuyaient sur une méthodologie déficiente?
Jusqu’à maintenant, je n’ai parlé que d’argent. Mais en recherche sociale, une méthodologie bâclée peut également compromettre la sécurité! Prenez cet exemple récent aux États-Unis où la présidente d’une firme de recherche a plaidé coupable de fraude. Chargée de tester la sécurité de briquets auprès des enfants, elle a carrément inventé des données! Vous imaginez les conséquences si un seul de ces briquets n’est pas «childproof» et qu’il tombait entre les mains d’un enfant?
La science avec un grand «S» n’y échappe pas
Ce raisonnement peut être poussé jusqu’à la construction même de la science. L’avancement des connaissances, peu importe la discipline, n’est possible qu’à cause du cumul des connaissances. Or, qui dit cumul de connaissances dit également qu’on ne réinvente pas la roue : on s’appuie sur les recherches antérieures pour poser de nouvelles hypothèses et établir de nouvelles théories. Si le solage est fragile, imaginez la maison lors du prochain séisme…
Bien sûr, lorsqu’une recherche ou un sondage ne vise qu’à épater la galerie ou à faire du sensationnalisme, les conséquences sont moins dommageables. Mais ça ne remet pas moins en question l’éthique et la responsabilité d’un chercheur qui se permettrait de «tourner les coins rond».