Twitter remplacera-t-il les sondages d’opinion? Bien sûr que non

Twitter remplacera-t-il les sondages d’opinion? Bien sûr que non

logotwitterTwitter remplacera-t-il les sondages d’opinion? est le titre d’un article publié par Branchez-vous la semaine dernière. On y fait référence à une étude de l’Université Carnegie Mellon (PDF) qui, après l’examen d’un milliard de «tweets», conclut que les données publiées sur Twitter expriment les mêmes tendances que les résultats des sondages d’opinion sur certains thèmes sélectionnés.

La nouvelle a rapidement fait le tour du web. Et comme toujours lorsque des études montrent les avantages et les possibilités des réseaux sociaux, plusieurs ont sauté sur l’occasion pour annoncer la mort des sondages d’opinion. Une chose est sûre, ce n’est pas pour demain!

Pourquoi Twitter ne remplacera-t-il pas les sondages d’opinion?

  • Au Québec, la proportion de personnes adeptes de Twitter est encore très faible (voir les données de décembre 2009). Il s’agit bien sûr d’internautes et, sans avoir de données sur le profil des utilisateurs, il s’agit certainement de gens plus scolarisés que la moyenne, partageant certaines caractéristiques moins répandues dans la population en général (ex. : le fait d’être très «techno»). Impossible de prétendre que l’opinion de ces personnes est représentative de l’ensemble de la population.
  • Le sondage scientifique repose sur des théories éprouvées (probabilités, statistique) qui en font un outil unique. Une éventuelle utilisation de Twitter pour mesurer l’opinion publique ne pourrait offrir les mêmes gages de représentativité.
  • Les propos diffusés sur Twitter sont… spontanés. Qu’arrive-t-il si on ne parle pas des sujets qui vous intéressent? Joanne Simonis, dans un billet publié sur le blogue de Cvent, fait une belle analogie en parlant de Twitter et des sondages; si les sondages sont un baromètre de l’opinion publique, Twitter s’apparente plutôt à un thermomètre : utile pour détecter les sujets «chauds» de l’heure, mais pas pour mesurer l’opinion publique.
  • D’ailleurs, les sujets «chauds» enflamment souvent les esprits et déchaînent les passions. On peut penser que les opinions les plus polarisées sont celles qui ressortent du lot. Les utilisateurs plus modérés ou indifférents à l’égard d’un sujet donné se font certainement plus discrets sur Twitter.
  • Les logiciels utilisés pour l’analyse de texte sont encore à l’état embryonnaire; ils classent les éléments textuels en repérant par exemple les mots à connotation négative et ceux à connotation positive. Je ne crois pas me tromper en disant qu’ils ne sont pas suffisamment sensibles pour détecter l’ironie ou l’humour. Aussi, la marge d’erreur associée à ce type de classement est nécessairement plus élevée que celle d’un sondage fait dans les règles.
  • On dit que cette nouvelle méthode permettrait de sauver du temps par rapport à un sondage traditionnel. À la lecture de l’étude, je n’en suis pas si sûre. Les chercheurs ont analysé un milliard de «tweets» postés en 2008 et 2009… et publient les résultats de leur étude en 2010. Je serais curieuse de savoir combien d’heures de collecte, d’analyse et de vérification ont été investies dans le projet. Quant à l’utilité de données d’opinion qui remontent à 2008… sans commentaires.

Twitter, un complément possible aux sondages

L’étude des chercheurs américains demeure très intéressante. Dans une perspective non pas de sondage, mais plutôt de recherche qualitative, les propos véhiculés sur les médias sociaux sont une source de données à ne pas négliger. Mais de là à remplacer le sondage, il y a un pas impossible à franchir. C’est plutôt une nouvelle avenue de recherche qui s’offre à nous.

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