Sondage et téléphonie cellulaire : la problématique

Sondage et téléphonie cellulaire : la problématique

Cell-phonesLes sondages téléphoniques sont aujourd’hui confrontés à un problème grandissant : de plus en plus de ménages n’utilisent maintenant plus de ligne fixe ou «terrestre», mais optent plutôt pour le téléphone cellulaire exclusivement.

Aux États-Unis, plus de 25 % des ménages utiliseraient uniquement le cellulaire (source). Selon l’enquête sur le service téléphonique résidentiel de Statistique Canada, cette proportion était estimée à 8 % au Canada et à 6,7 % au Québec en 2008. Si on examine la distribution selon l’âge, on observe que 24,6 % des ménages québécois constitués uniquement de personnes âgées de 18 à 34 ans utiliseraient exclusivement le téléphone cellulaire. Comme ces données datent de 2008, on peut penser que ces proportions se sont légèrement accrues.

Les sondages téléphoniques traditionnels souffrent donc d’un problème de couverture et sont moins représentatifs qu’avant, particulièrement en ce qui concerne les ménages des 18-34 ans.

Dans un récent article de la revue Techniques d’enquête, des chercheurs expliquent les fondements statistiques des enquêtes par téléphone mobile. L’article est très (trop) technique, mais a le mérite de bien poser la problématique de la téléphonie cellulaire dans le contexte des sondages. Je me permets d’en citer quelques extraits (entre guillemets ci-dessous).

L’échantillonnage d’un sondage téléphonique traditionnel auprès de la population s’appuie sur la  génération aléatoire de numéros de téléphone (GANT) (en anglais Random Digit Dialing – RDD). Dans ce type d’enquête, « l’hypothèse est que le téléphone fixe est un appareil électroménager et que chaque personne faisant partie de la population n’est  attachée qu’à un seul ménage.» Ainsi, on n’échantillonne pas des individus, mais des ménages dans un premier temps. Ensuite, on peut sélectionner un individu au sein du ménage.

«L’enquête par téléphone mobile entraîne un changement de paradigme et pose de nouveaux défis. […] Dans l’esprit de la plupart des gens, un téléphone mobile est un appareil personnel et non un appareil ménager. […] Donc, dans les enquêtes par téléphone mobile le ménage ne représente plus forcément la même organisation unifiante que dans le cas des enquêtes par téléphone conventionnelles.»

Dans les faits donc, si on veut intégrer un échantillon de téléphones mobiles, on se retrouve avec deux bases de sondage complètement différentes (l’une dont l’unité est le ménage et l’autre dont l’unité est l’individu). Qui plus est, les deux bases de sondage se chevauchent, comme illustré dans le schéma ci-dessous : un nombre important de personnes sont joignables à la fois par ligne fixe ET par téléphone cellulaire.

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Maintenant que la problématique est posée, quelle est la solution? Doit-on sonder les individus sur leur mobile? Ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Je vous en reparle dans un prochain billet!

4 réponses à “Sondage et téléphonie cellulaire : la problématique”

  1. Je sais que vous n’avez pas encore discuter des solutions potentielles, mais ceci me fait penser à un article d’Andrew Gelman que j’ai lu il y a un certain temps. On y relate une technique où l’on pose des questions aux répondants sur leurs amis, ce qui permet d’obtenir de l’information sur des individus difficile à rejoindre en pratique. Peut-être que ce genre d’approche permettrait d’obtenir indirectement de l’information sur les populations accessibles seulement par cellulaire ou inaccessible par téléphone ?

    Voici le lien vers l’article: http://www.stat.columbia.edu/~gelman/research/published/overdisp_final.pdf

  2. Je suis un etudiant en sante communautaire. Je m’interesse a savoir l’impact du telephone cellulaire sur la performance des agents dans les organisatons.
    Merci

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