Les sondages Web pertinents pour les sujets délicats

Les sondages Web pertinents pour les sujets délicats

On vous a déjà posé des questions sensibles, intimes, personnelles et même taboues… auxquelles vous ne vouliez pas répondre? Peut-être, aussi, aviez-vous envie d’embellir un peu la vérité pour plaire à votre interlocuteur? C’est le phénomène de la désirabilité sociale, comme le définit Wikipédia :

Le concept de désirabilité sociale désigne le biais qui consiste à vouloir se présenter sous un jour favorable à ses interlocuteurs. Ce mécanisme psychologique peut s’exercer de façon implicite, sans qu’on en ait conscience, ou au contraire être le résultat d’une volonté consciente de manipuler son image aux yeux des autres.

Il arrive que certains sondages contiennent des questions très sensibles. Des exemples? Les habitudes sexuelles et les infections sexuellement transmissibles, les tendances suicidaires, la consommation de certaines substances…

Dans un billet précédent, je mentionnais que le Web pouvait être approprié pour les sujets sensibles étant donné l’absence d’une autre personne, en l’occurrence l’intervieweur. Je viens en effet de terminer la lecture d’un intéressant article publié dans le Public Opinion Quarterly à ce sujet. Je vous en parle brièvement.

L’objectif de la recherche
Vérifier si le mode de collecte (téléphone, réponse vocale interactive et Web) influence les réponses aux questions dites sensibles.

La méthodologie
Sondage auprès de diplômés de l’Université du Maryland où on a posé des questions sur des éléments que j’appellerais «socialement valorisés» (mention d’honneur académique, membre de l’association des diplômés, dons à l’Université), alors que d’autres s’intéressent à des éléments qui ne sont pas valorisés socialement (abandon d’un cours pendant les études, note médiocre dans un cours, avertissement ou probation pendant les études). Les réponses étaient ensuite comparées avec les données factuelles de l’Université.

Les résultats les plus intéressants

  • Le sondage Web incite les répondants à rapporter davantage d’information dite sensible (surtout l’information «socialement dévalorisée») que le sondage téléphonique. En effet, le % de oui aux trois éléments mentionnés précédemment (abandon d’un cours pendant les études, note médiocre dans un cours, avertissement ou probation pendant les études) est plus élevé dans le cas du sondage Web. La réponse vocale interactive, elle, se situe entre les deux autres modes.
  • Lorsque comparés aux données factuelles de l’Université, les résultats du sondage Web pour les questions «socialement dévalorisées» s’avèrent plus précis, c’est-à-dire plus fidèles à la réalité, que les résultats du sondage téléphonique. Encore une fois, la réponse vocale interactive se retrouve entre le Web et le téléphonique.

Référence complète de l’article
KREUTER, Frauke, Stanley PRESSER et Roger TOURANGEAU (2008). «Social desirability bias in CATI, IVR, and Web surveys : the effect of mode and question sensitivity», Public Opinion Quarterly, vol. 72, no 5, p. 847-865.

5 réponses à “Les sondages Web pertinents pour les sujets délicats”

  1. Merci beaucoup pour ce billet sans biais.
    J’invite les gens qui seraient présents à la prochaine conférence de l’ARIM « In tune / En accord » à Montréal de prêter attention à un sujet connexe qui sera exposé conjointement par Kate Cadwell (UX research) et Bernie Malinoff (Element 54). Baptisé «Eyes don’t lie », l’exposé, traitera de l’utilisation de la technique d’oculométrie (eye-tracking) pour faire progresser les recherches sur l’efficacité des sondages par Internet

  2. Très intéressant comme sujet !
    Il est vrai que les utilisateurs sont sans doute plus enclin à répondre à une question
    plus délicate sur internet, sachant que leurs noms ne seront pas liés à la réponse.
    Le simple fait de savoir que la personne au bout du fil qui nous pose la question, pourrait nous juger… nous rend hésitant à donner une réponse honnête au téléphone.

    Les sondages téléphoniques sont effectivement moins efficaces dans certain cas.
    Il faut donc améliorer ses techniques de communications ou utiliser une autre manière d’amener la question afin de ne pas créer de malaise ou d’hésitation, mais il a quand même l’avantage de rejoindre un plus grand nombre de personnes et pousse le « client » à interagir ce qu’il n’est pas forcé de faire sur internet.

    http://www.formateur.ca/ameliorer-votre-technique-de-communication

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